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Constat d'une saison hors du commun

Le Covid est-il en train de réussir ce que les pouvoirs publics ont tant de mal à obtenir : faire reculer ce que l’on appelle la « airbnbisation » des centres-villes ? Selon l’enquête menée entre le 8 et le 18 septembre par le site d’annonces De particulier à particulier (PAP) auprès de 2 348 propriétaires de meublés touristiques, 24 % des loueurs franciliens et 15 % de ceux des grandes villes louaient leur bien en longue durée avant de se lancer dans la location touristique. Une pratique qui prouve que cette activité contribue bien à la pénurie de logements pour les habitants.

Mais le confinement et la crise sanitaire inversent la tendance : 9 % des propriétaires interrogés, et même 12 % en Ile-de-France, ont d’ores et déjà retiré leurs annonces des plates-formes, 24 % déclarent être certains de faire de même dans un proche avenir, 21 % se posent la question, 9 % sont indécis tandis que 37 % vont continuer (29 % à Paris, 45 % en province). Ainsi, ce sont 33 % des bailleurs qui ne loueront plus en courte durée, et même 38 % en région parisienne.

Martine M., 73 ans, proposait à la location touristique un studio, dans le 18e arrondissement à Paris, propriété de son fils parti vivre aux Etats-Unis : « Après une location classique qui s’est mal passée, on a réalisé 20 000 euros de travaux et basculé en tourisme, en décembre 2019 », raconte-t-elle. La tentative a duré à peine quatre mois, confinement oblige, dégageant à peine 600 euros par mois une fois déduite la commission de 30 % de l’agence chargée de la gestion et du ménage, les dégradations, les menus larcins… « Aujourd’hui, on loue en meublé pour un an à un couple pour un loyer de 800 euros », confie Martine M.

Equilibre bousculé

L’effondrement des réservations causé par l’absence de touristes est, bien sûr, la raison essentielle de l’arrêt des locations de courte durée : 70 % des bailleurs franciliens interrogés l’invoquent, tout comme 58 % de ceux des autres agglomérations. La logistique et le ménage découragent 42 % des loueurs, les contraintes réglementaires 39 %, voire 42 % chez les Franciliens.

Anne Fernandes loue, depuis 2015, cinq logements à Nantes, par Gîtes de France et les plates-formes Booking et Airbnb. L’accueil de touristes était sa profession, chronophage, exigeant une organisation militaire, une disponibilité totale et devant absolument être rentable pour rembourser les crédits et en tirer un revenu. Le Covid a bousculé cet équilibre : « J’ai dû trouver d’autres solutions : je loue directement à des clients anciens ou recommandésce qui évite les mauvaises surprises et le paiement des commissions de 17 % des plates-formes. J’ai aussi repris un emploi à mi-temps. » Un de ses appartements est désormais loué à l’année à une jeune femme qu’elle avait accueillie comme touriste, deux autres sont réservés à des apprentis qui s’y relaient une semaine par mois. Mais les tarifs ont été divisés par deux et Mme Fernandes, qui n’est pas partie en vacances depuis quatre ans, songe à revendre une partie de ses « Gîtes Anne ».

Le retour sur le marché de la location classique de ces appartements fait le bonheur des étudiants et des candidats locataires puisque 63 % des bailleurs déçus de la location courte durée proposent désormais un bail en meublé d’un an ou, pour les étudiants, de neuf mois, 21 % récupèrent le logement et 6 % le mettent en vente.

Source : le monde

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